"Tiens aujourd'hui, je me ferais bien lapider à coup de dossiers sur l'euthanasie": pas de problèmes!!! Va juste en stage!! Et oui, c'est génial, en tant que grande masochiste Darl Lapinou, j'ai trouvé un stage enfin à ma hauteur...
Pour ne rien vous cacher mais vous en cacher un peu tout de même, je fais vaguement office de plante verte, bras, punching ball, conchita, clown (et tout cela en même temps, admirez la performance, en saupoudrant de quelques neurones pour la forme) dans une structure d'éthique...
L'éthique: mais qu'est-ce me direz vous? Et bien, je préfère ne pas rentrer dans une looooongue discussion sur ce sujet qui peut vite devenir fumeuse; mais globalement il faut comprendre qu'à à la différence de la "morale", elle propose un ensemble de valeurs à mettre en balance pour afin d'aboutir à un bien pour un individu, un groupe ou une société...
Alors oui c'est beau... Ca peut même devenir relativement kiffant, si comme moi, on est adepte d'une certaine masturbation mentale assidue (c'est ptêt pour ça que j'entends pas bien... bref). Mais à la rigueur présentement on s'en balance allègrement la cahuète avec des palmes. En vrai, même dans un truc qui réfléchit au bien de l'humanité toute entière, rien que ça, les stagiaires sont quand même l'entité la plus proche de la merde mouche canibale, dans mon cas le degré 0 de toute possibilité d'évolution professionnelle, un corps gratuit à fouetter... Je crois que le stagiaire, pour bien vous montrer ce que c'est, on doit adopter le regard suivant en face de lui, d'un air de dire "Pfeu, je vous conchie mon bon":
Au départ, j'étais presque contente d'être prise: des mois de stress à me baver dessus en me disant que "non je n'aurais jamais ce stage révolutionnaire, ma carrière est foutue, je validerai jamais mon année, de toute façon je suis qu'une grosse daube à plumes, personne ne m'aime, pis j'ai pas demandé à venir au monde, vous me faites tous chier bzibeuwhaabeuheuuu"...
C'était avant le drame bien évidemment.
Et oui. J'ai été prise.
6 mois. 0 euros. Le stage demande de "l'implication" = comprendre: avant de controler tes manettes, tu vas en chier pendant au moins 2 mois, tu vas en chialer dans les chiottes comme une gamine de 8 ans alors que t'avais pris la super résolution de pas ENCORE te faire avoir à la prochaine remarque, que tu vas te troncher des visites à voir des gens quasi-mourants et que tu devras avoir le sourire, etc etc etc.
T'as une initaitive? MALHEUREUSE, mais vous n'y pensez pas!!!!!!!
T'as pas d'initiative: MAIS C'EST VRAIMENT DES BRANLOS LES STAGIAIRES, "zetes pas du tout efficaces m'voyez" (pour les connaisseurs, prendre la voix de M. Garrisson en lisant cela, moi-meme ayant le role de M.Esclave).
Mais, à un moment heureusement, on reprend le truc en main, à force d'avoir l'anus dilaté à coup de pioche, on sent de moins en moins Et ca, ça fait vraiment du bien quand ça arrive. Tu deviens un peu un ninja de l'asservissement, restant digne dans la tempête "Allez-y pillonez-moi, m'en fous je sens plus rien. Aucun gode à pointe de clous rouillés ne me fera chavirer". Et pan.
Retournement de situation. A part la Mère frigide qui pourtant gagnerait à ne pas l'être, partons du principe que les gens autour sont encore, relativement, humains. Pari gagné: oui, même dans une ambiance glauque, on se rend compte qu'un Jonnhy Depp est la porte d'entrée quasi-universelle pour tout. Parce qu'au fond, même Mickeline de l'accueil, avec son tricot et son chignon qui a connu Dalida, elle aimerait bien se le fourrer. A partir du moment où cet abscès est crevé, en parlant de ce montre sexuel, elles deviennent humaines (c'est plus marrant d'imaginer ses collègues mouiller sur pirate des Caraibes que de les voir manger leur dwich jambon-beurre en parlant de procréation médicalement assistée. Testé et approuvé) et toi aussi.
A toi la réception du dernier calendrier des dieux du stage entre collègues, ponctuée de "au fait, pense à cloturer le dossier de M. Dugenou, apparemment il a des varices, il veut pas parler de la mort". Bon. Mais avec ce minimum au moins on s'en sort. Le sexe, c'est tout de même une bonne idée parfois.
Cela dit, j'aimerais vous faire profiter d'un rare instant de bonheur. Le moment où on se dit "bah putain, j'aurais pas imaginé en arriver là étant gosse". Parfois c'est positif. Mais pas là. Admirez vous-même. Pour le contexte, on sortait d'une décision de placement en maison de retraite d'une vieille visiblement pas dégueu et plutot rebelle, mais détestée par son gosse qui voulait à tout prix la caser dans un mouroir pour la voir bouffer du flamby devant patrick sébastien jusqu'à la fin de ses jours, cela pour se venger sans doute d'une petite voiture non obtenue au Noel 1972. Bref on décide une solution d'attente. Mais après la tension née de la complication d'un contexte familial assez pourri, la séance se ponctue par une blagounette (ressemblant étrangement au "petit plus Périglioni" d'Elie Semoun dans le sketch de l'incinération). Y'a pire que des blagues de juristes. Sisi. Mais j'ai ri quand même T-T.
C'est un mec: on lui apprend que sa femme est à l'hopital. En panique il s'y rend et tombe sur le médecin qui s'occupe de sa femme.
-Docteur, comment va-t-elle? Mon dieu mais qu'est-ce qui s'est passé??
-On est vraiment désolés... Ecoutez installez-vous... Bon je ne vais pas vous mentir, son état n'est pas des meilleurs... Elle a perdu l'usage de la parole...
-Oh mon dieu...
-Ouais... et en plus elle n'a aucune mémoire. Le choc ayant touché le cerveau, elle a aussi des problèmes de déglutition... Elle se bave dessus... Elle voit plus rien... Bon c'est pas génial...
-(le type en larmes et tout): mais c'est affreux, mais pourquoi???... mais... c'est tout..?
-Non. bon elle est aussi handicapée. Pis si vous voulez le retour à domicile, sachez qu'elle est incontinente... Faut être prêt... Pis elle est un peu défigurée aussi...
-Mais c'est affreux... Je ne sais pas quoi dire...
-Non mais en fait monsieur, rassurez-vous... JE DECONNE!! Elle est morte."
TADAAAAA. Ouais.
C'est tout c'que j'avais à dire.
Enfin non. Je ne vise personne. Ah ça fait du bien.
;)